La Minute Culturelle : Le Couronnement de la Vierge Marie

En ces mois d’été, nous aurons plusieurs occasions de fêter notre Mère du Ciel, avec les dates du 16 juillet « Notre Dame du Mont Carmel », du 15 aout « L’assomption de Marie » et du 22 aout « Le couronnement de Marie ». A la Chaise Dieu, la Vierge Marie est vénérée au plus haut de sa gloire comme Reine. Aussi, entre toutes les fêtes mariales, c’est celle du Couronnement de la Vierge Marie que magnifie un triptyque d’une exceptionnelle splendeur.

L’Eglise voit dans la fête du Couronnement de la Vierge Marie le complément ou la conséquence de l’élévation corps et âme et de la glorification de la Vierge Marie, que nous fêtons huit jours avant avec le Mystère de l’Assomption.

« Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du Ciel et exaltée par le Seigneur comme Reine de l'univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux des péchés et de la mort. » (Vatican II, Lumen gentium §59).


Ce triptyque est la dernière des tapisseries consacrées à Marie, avant la tapisserie finale du Jugement dernier qui clôt l’Histoire Sainte. Encadrant l’admirable scène du Couronnement, nous allons découvrir l’histoire et la place des reines Bethsabée et Esther qui préfigurent merveilleusement l’honneur rendu à Marie par La Sainte Trinité.

Rappelons que l’Abbé Jacques de Saint-Nectaire, est le commanditaire, au début du XVIe siècle, des « draps imagés » qui devaient répondre à la double fonction d’instruire les moines bénédictins avec cette Histoire Sainte et d’embellir le chœur de l’église abbatiale.

PARTIE CENTRALE : LE COURONNEMENT DE LA VIERGE MARIE

Le Couronnement de la Vierge Marie n’est pas directement raconté dans un passage précis du Nouveau Testament, mais annoncé dans l’Ancien Testament par de nombreux versets ou livres comme nous allons le voir ici. Sans être un dogme, il est aussi le sujet de conciles et autres proclamations des Pères de l’Eglise, théologiens et papes.


Au centre de la composition triangulaire, Marie se tient debout devant le trône royal et unique occupé par Le Père et Le Fils qu’accompagne le Saint Esprit, 3ème personne de La Trinité, dans le Royaume des Cieux.

Marie est revêtue de son habituelle cape bleue et or (Cf autres tableaux mariaux) sur sa riche robe d’une soie blanche rayonnante, enserrée par la ceinture de la chasteté. Les mains jointes dans une attitude de recueillement et d’humilité, elle reçoit la couronne des mains du Père et du Fils, que relie le Saint Esprit symbolisé par la colombe.

En retrait par rapport à elle et de part et d’autre, nous voyons Dieu le Père et Dieu le Fils assis sur le même trône rutilant d’or, de pierres précieuses et de fleurs de lys, et habillés de manteaux tout aussi luxueux et fabuleux. A gauche, le Père est coiffé de la tiare ou triple couronne (cf note antérieure), porte le globe d’une main puissante, et de l’autre soutient l’insigne royal sur la tête de Marie.

Également barbu mais plus jeune, le Fils coiffé d’une couronne fermée partage le geste du Père.

Au-dessus de la couronne de la Vierge, la colombe auréolée aux ailes déployées préside à la scène dans un ciel d’azur et d’or ponctué d’étoiles et survolé par six anges en adoration. Rappelons que Marie, dans les litanies de la vierge est aussi nommée Reine des anges.

Avec ses longs cheveux et son regard intérieur, Marie est la Nouvelle Eve victorieuse du démon ; elle ouvre la porte du Ciel et règne sur le monde, recevant sa royauté du Père et du Fils.


PARTIE GAUCHE : BETHSABÉE HONORÉE PAR SON FILS LE ROI SALOMON - 1 Rois 2(19-22)

Salomon, fils du Roi David, élu roi (contre son frère) de par la volonté de Yahvé, reçoit sa mère qui partage son trône, assise à sa droite. Revêtu d’un majestueux manteau doublé d’hermine, il est coiffé d’un couvre-chef à fleurs de lys et porte le sceptre. Dans son dos s’étend un dais lumineux piqué d’astres dorés, et à ses pieds est couché son lévrier.

Manteau de velours grenat et d’hermine, large ceinture, manches démesurées, la reine Bethsabée, mère de Salomon au jeune visage, porte un voile de lin pur d’une blancheur incomparable sous une fine résille et une élégante couronne. Remarquons son petit pied pointu chaussé d’une pantoufle, que l’on retrouve chez Marie. Gracieuse et imposante, Bethsabée est associée au règne de son fils qui écoute ses requêtes comme Marie sera honorée, glorifiée et écoutée par son fils Jésus.

Le texte du phylactère :
« Le Roi Salomon honora sa mère et la fit asseoir à droite de son trône ; ainsi le Christ exalta sa divine Mère et la fit asseoir au sommet de la gloire. »

Les versets sur les rubans présentés par les prophètes :
«Comme un cèdre, j’ai été élevée.» Ecclesiastique 24, discours de la Sagesse
«Quelle est celle qui monte du désert, comblée de délices» Cantiques des cantiques 8


PARTIE DROITE : ESTHER INTERCÉDANT POUR SON PEUPLE - Esther5(1-4)

Le Roi Assuérus règne sur un immense empire auquel est assujetti le Peuple juif ; son magnifique accoutrement de velours bleu et fourrure illustre sa puissance que soulignent la coiffe royale et le sceptre. Assis sur un trône à baldaquin il reçoit la jeune juive Esther qu’il a favorisée du titre de reine en raison de sa beauté. Celle-ci vient, à la suite d’un jeûne de 3 jours, l’implorer pour son peuple en danger d’extermination.

La reine Esther étourdissante de finesse et de grâce rappelle par sa tenue fignolée de détails la ravissante Marie-Madeleine (Cf Paque des Saintes femmes), ainsi agenouillée ; son hennin couronné habillé d’un voile fin laisse apparaitre une longue tresse qui ajoute à son charme.

Par sa prière, elle obtiendra gain de cause, préfigurant elle aussi Marie qui intercède pour les hommes pêcheurs auprès de son fils.

Le texte du phylactère :
« La reine Esther, introduite chez Assuérus pria et supplia de ne pas laisser mourir les Juifs ; ainsi la Vierge Marie, élevée près du trône de Dieu, n’arrête pas de prier pour le salut des pêcheurs. »

Les versets :
« Prête l’oreille à ma prière » Ps88
« Tu prieras et le Seigneur t’exaucera ; tu crieras et il dira : me voici. » Isaïe58

La catéchèse :
Marie « Reine du ciel et de la terre » reçoit sa royauté de Dieu comme elle a reçu de lui d’être « la servante du Seigneur ». Le Christ Roi n’est pas venu pour être servi mais pour servir, ainsi Marie Reine se met au service de son Fils qui lui confie les hommes, ses enfants : elle écoute, intercède et prie. Elle participe à la Nouvelle Alliance, elle est la Nouvelle Eve, par laquelle Dieu Trinité sauve les hommes du péché et la mort, leur apporte le Salut. Les figures féminines et royales de l’Ancien Testament, les reines Bethsabée et Esther, en sont la préfiguration avec leur histoire et leur place respective. La très grande beauté iconographique du triptyque rayonne, à l’image de Marie, et rend hommage à sa Royauté éternelle auprès de Dieu Père, Fils et Saint Esprit.


La prochaine Minute Culturelle est programmée pour la Toussaint avec la tapisserie de la Descente aux Enfers. D'ici là, passez un très bel été !
Merci à Isabelle Thiriez du temps consacré à ces exposés.
Retrouvez les précédents articles ici :
- Introduction
- La Cène
- La Résurrection
- Pâques des Saintes Femmes
- L'apparition à St Thomas
- l'Ascension
- La Pentecôte

Crédit Photo : (c)La Casadéenne

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